La mort tragique d’El Hasnae, une femme victime de violence sexuelle au Maroc, a jeté une lumière cruelle et insoutenable sur l’urgence de combattre la violence sexuelle envers les femmes dans notre pays. Cet événement déchirant a révélé de façon poignante l’ampleur du problème et la nécessité de lutter pour un changement significatif et durable.
Le verdict, de 10 ans, a été perçu comme une réponse bien insuffisante à la gravité du crime commis.
Les avocat.e.s ont fait valoir que la dépendance exclusive aux témoignages des victimes comme moyen de preuve représentait un obstacle majeur à l’obtention de condamnations plus sévères en vertu de la loi. Cette situation mettait en évidence une faille dans notre système juridique, qui devait être comblée afin de protéger les femmes et de garantir que les auteurs de violences sexuelles soient dûment punis.
En réaction à cette tragédie, nous avons redoublé d’efforts dans notre militantisme, dénonçant avec force la violence sexuelle et défiant les auteurs de ces actes, ainsi que la stigmatisation sociale qui entoure les victimes de ces crimes, devant les tribunaux. Nous avons également intensifié notre plaidoyer contre la violence basée sur le genre et la sexualité, en fournissant une assistance juridique essentielle, en construisant des coalitions solides avec des allié.e.s partageant notre cause, et en menant des campagnes efficaces contre des lois problématiques comme le Projet de loi 103.13.
Notre campagne marquante, intitulée “Combien de femmes doivent mourir pour changer les lois ?”, a réussi à attirer l’attention des médias nationaux et à mobiliser la société civile dans son ensemble.
Le combat juridique
La vidéo de la campagne, véritable cri du coeur pour un changement, a été visionnée plus de 80 000 fois en trois jours seulement. Cette mobilisation exceptionnelle a conduit à l’engagement de 60 avocat.e.s pour défendre les personnes affectées par des violences similaires.
Le 6 mars 2017, lors de la dernière session de jugement, les auteurs ont été condamnés à dix ans de prison, une sentence que nous avons jugée insuffisante compte tenu de la gravité de leurs crimes.
Refusant de nous arrêter là, nous avons fait appel du verdict. Nous avons organisé des conférences de presse pour discuter du Projet de loi 103.13, exposant ses failles et expliquant pourquoi il devait être modifié. Notre mission de lutte contre la violence et la discrimination ne s’est pas arrêtée là, et nous avons continué à travailler sans relâche pour protéger les droits des femmes.
En septembre 2018, suite à des années de plaidoyer et de sensibilisation, la loi 103.13 a finalement été officiellement approuvée au Maroc. Cette victoire représente une étape majeure dans notre lutte contre la violence sexuelle, et nous continuons à travailler sans relâche pour garantir que les femmes au Maroc bénéficient de la protection légale et du respect qu’elles méritent.