L’année 2020 a été exceptionnelle et terriblement remplie d’événements tragiques et défiants.
Le virus, apparu en Chine fin 2019, a touché le monde d’une manière destructible. Au-delà de la crise sanitaire, cette pandémie a touché les sociétés, les structures de santé publique, et les économies à leur base. Elle a augmenté la pauvreté, la violence, et les inégalités partout dans le monde, remettant en question la stabilité de nos cadres socio-économiques actuels.
Pour limiter la propagation rapide du Coronavirus, le Maroc a émis un ordre de confinement comme mesure de sécurité. Bien que la quarantaine ait paru raisonnablement nécessaire pour assurer notre sécurité, elle a quand même entrainé de nombreux résultats défavorables.
L’impact social et économique de la COVID-19 a été ardu et a touché tous les segments de la population différemment et sans exception. Il a révélé plusieurs problèmes critiques au sein de la société marocaine, y compris des problèmes de santé, des maladies psychologiques, la pauvreté, la violence domestique, le suicide, etc.
Les cas de violence domestique ont rapidement augmenté en nombre à cause de la quarantaine. Les survivant.e.s étaient piégé.e.s au même endroit que leurs agresseurs.ses et ne pouvaient pas s’échapper, et par conséquent, beaucoup d’entre eux ont recouru à des organisations pour de l’aide. Cependant, les organisations n’ont fourni que des consultations et des suivis par des appels téléphoniques. De plus, le retard dans le traitement des dossiers des survivant.e.s par les tribunaux et l’indisponibilité des abris a exacerbé leur situation.
Portée générale de l’assistance de l’UFL aux survivant.e.s de la violence
En général, le travail de plaidoyer de l’UFL s’étend à la lutte contre la VBG et à la défense des droits humains, en particulier ceux des femmes et de la communauté LGBTQI+. De plus, nous déployons nos efforts incessants pour éduquer les gens sur leurs droits et sensibiliser aux problèmes liés à la violence et au harcèlement sexuel. Nous nous efforçons, année après année, d’atteindre la justice sociale et l’égalité des genres et de construire un lieu sûr pour les femmes et la communauté LGBTQI+ au Maroc.
En plus de nos activités constructives et orientées, nous offrons une aide juridique et psychologique aux survivant.e.s de violence. L’aide juridique consiste à fournir des conseils à ceux/celles qui s’adressent à l’organisation en matière juridique, et à nommer un.e avocat.e pour les défendre en fonction de leur situation financière. L’aide psychologique se concentre principalement sur la programmation de sessions d’écoute tenues par des psychologues ou des psychiatres au sein de l’organisation pour le bénéfice des survivant.e.s. Nous prenons également en charge les médicaments prescrits aux survivant.e.s de violences et discriminations basées sur le genre et/ ou la sexualité en fonction de leur situation financière.
Nous recevons des appels et messages quotidiennement; les personnes qui nous contactent sont de différents groupes d’âge, dont la majorité sont des femmes qui souhaitent échapper à leur environnement abusif à la maison ou au harcèlement sexuel sur leur lieu de travail.
La violence physique et sexuelle, l’expulsion de la maison, et la réception de menaces de mort étaient parmi les problèmes les plus signalés durant la quarantaine pendant le COVID-19.
Malgré les circonstances difficiles, nous avons continué notre travail à distance en répondant aux nouvelles demandes des personnes qui ont été sujettes à la violence ou au harcèlement sexuel. Les demandes reçues étaient émises par des appels téléphoniques, des messages sur nos réseaux sociaux ou par E-mails; notre mission était d’assurer que les survivant.e.s bénéficiaient d’une aide juridique et psychologique appropriée. De plus, nous avons continué à faire le suivi des cas passés et à demander des informations sur leur situation juridique, sociale, et psychologique actuelle.
Malheureusement, le plus grand obstacle était la peur de parler; la plupart des survivant.e.s craignaient les répercussions de signaler leurs cas à la police et ont préféré se tourner vers des organisations. Selon leurs témoignages, aller aux postes de police ne garantira pas leur sécurité.. Néanmoins, certaines femmes mariées ont eu le courage de mettre fin à leurs situations douloureuses et de changer leur vie pour le meilleur. Elles ont demandé le divorce après avoir signalé leurs cas soit à la police soit aux tribunaux, qui ont finalement répondu positivement à leurs demandes et ont pris les mesures juridiques nécessaires pour arrêter leurss agresseurs.
Cellule d’urgence en ligne pour la communauté LGBTQ+
Lorsque la quarantaine a commencé, les gens sont restés chez eux et ont eu recours aux réseaux sociaux. Par conséquent, le taux de violence en ligne, de harcèlement sur Internet et de cybercriminalité a augmenté, et la communauté LGBTQI+ marocaine a été l’une des cibles.
Le 13 avril 2020, en pleine quarantaine, une influenceuse a lancé une campagne de dénonciation visant la communauté LGBTQI+ au Maroc lors d’une diffusion en direct sur Instagram. L'”influenceuse” a incité ses followers à télécharger des applications de rencontre LGBTQI+ (Grinder, Romeo, etc.) pour révéler l’identité des utilisateurs.trices marocain.e.s. En conséquence, de nombreuses personnes ont trompé la communauté en créant de faux comptes et en menaçant de révéler leur identité.
De notre côté, nous nous sommes engagé.e.s à fournir un soutien total et inconditionnel à la communauté LGBTQI+, et nous avons dénoncé la campagne de diffamation et de lynchage en raison de ses graves conséquences exacerbées par la quarantaine, notamment l’extorsion, l’exclusion, et même les rumeurs de suicide. Nous avons répondu à l’incident en créant une cellule d’urgence en ligne avec plus de 54 bénévoles pour répondre aux demandes d’aide urgentes envoyées par de nombreux.ses membres de la communauté LGBTQI+, et avons lancé une campagne en ligne pour sensibiliser à ce problème.
En réponse à l’afflux de données, incluant les messages et les appels de détresse, notre organisation a mobilisé ses membres dévoué.e.s et bénévoles pour rassembler et traiter convenablement les témoignages. Nous avons apporté un soutien psychologique et/ou matériel aux survivant.e.s, ainsi que des conseils juridiques.
Pour optimiser cette initiative, nous avons mis en place une stratégie spécifique pour une gestion efficace de notre cellule d’urgence. Celle-ci était divisée en trois axes principaux :
1. Conseil psychologique : Nous avons engagé nos professionnel.le.s de la santé, notamment des psychiatres, pour fournir des consultations aux survivant.e.s. Par ailleurs, nous avons lancé un appel à tou.te.s les professionnel.le.s en psychothérapie pour qu’ils/elles se mobilisent en faveur de notre cause.
2. Vérification des faits : Nous avons mobilisé un maximum de membres consciencieux.ses pour minimiser le temps d’attente des survivant.e.s. De plus, nous avons fait appel à tou.te.s les travailleurs.ses de la santé disponibles pour offrir leur aide bénévolement et pour nous aider à répondre à toutes les demandes.
3. Conseil juridique : Nous avons mobilisé un large panel de juristes pour offrir une aide juridique bénévole à chaque survivant.e.
Notre travail ne s’arrête pas là. Nous continuerons à défendre les droits des survivant.e.s, à fournir un soutien indispensable et à œuvrer pour un Maroc où les femmes et la communauté LGBTQI+ vivent en toute sécurité et égalité.